New York City – Sandy «Frankeinstorm»
C’est après plus de 20 heures de travail, et avec grand plaisir, que je vous dévoile ce post. Tous les moindres détails de la superbe nuit que j’ai passé à courir Sandy Frankenstorm. Vous verrez que j’ai bien failli y laissé ma peau, bien tranchée en plus, mais ça valait amplement le coup pour avoir tous ces belles images!
Bonne lecture, j’espère que vous vous régalerez autant que moi durant cette nuit là !
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Dimanche 28 octobre, 22:00
Je reçois un courriel de ma mère:
«Sam, appelle-moi s’il te plaît».
Sachant qu’elle doit ressentir un peu d’inquiétude, je ne tarde pas trop.
Une heure au téléphone… J’ai bien dédramatisé le tout, et sans le vouloir je lui ai transféré toute la nonchalance que j’éprouvais concernant l’arrivée de Sandy. Superbe échange, car elle, de son côté, m’a saturé d’inquiétude!
Je cherche davantage sur internet à propos de cet ouragan, je trouve des infos sur des sites américains:
«This Hurricaine of strenght 1 could become strenght 2, even 3 when it’s going to hit the coast; we don’t know what could happen whit the mix of Sandy and the 2 other hot and cold streams; Sandy’s effect will start tomorrow morning […] ».
Il est tard, la fatigue du party d’Halloween se fait sentir, et les mots du journaliste ne font qu’augmenter l’appréhension que ma mère a laissé en moi.
Je pense alors :
«Mon premier job avec Wilhelmina est mercredi, je prends l’avion mardi soir donc ce sera annulé; j’ai un shooting en Allemagne la semaine prochaine, mais le billet n’est pas encore acheté; pas d’électricité ni de métro, donc pas de castings».
Tous ces éléments me disent de quitter New York pour rentrer à Montréal.
Je monte au deuxième voir mes colocs, Hannah est là;
– «How bad you think it’s going to be? I thought I’d leave the city cause».
– «I didn’t really worry about it, but just before you came I read it’s going to be bad […] ».
Ma décision est prise, je quitte la ville! Par contre, je ne suis pas près de partir, je dois encore avertir plusieurs personnes de ma décision. J’appel d’abord mon agent, conclusion;
«Ils sont vraiment too much à la télé, mais quitte la ville, suis ton feeling».
J’appelle ensuite mes bookeuses chez Wilhelmina, je n’arrive à en joindre qu’une seule;
«you know what, it won’t be that bad».
Oh lala…! J’étais prêt à partir moi; c’est plutôt la confusion dans mon esprit maintenant.
Il est minuit lorsque je raccroche avec ma bookeuse, inquiet et incertain, je lis les dernières nouvelles jusqu’à 01:00 am. Le tout se précise et semble être de meilleur augure; du moins de mon côté la pression retombe, et je décide de rester ici.
Lundi 29 octobre, 22:30
«The Godfather», pourtant un excellent film des années 70, mais la fatigue d’être resté assis sur ma chaise toute la journée se fait sentir, beaucoup trop d’administration ces dernier jours… Le film se termine, je quitte l’appartement du dessus pour aller me coucher.
J’entre dans ma chambre, il fait froid, le vent fait gonfler le plastique qui recouvre ma fenêtre et la bâtisse entière vibre à l’impact d’une bourrasque. Tout de suite je pense :
«Hey merde, mon camion!».
Je sors dans la rue, une énorme branche d’arbre y est tombée, mais du côté opposé à mon véhicule, à quelques centimètres d’une autre voiture. Même si j’avais bien anticipé avant de quitter ma chambre, j’ai eu la soudaine envie de prendre cette scène en photo. J’hésite tout de même un peu avant, car je sais que je ne m’arrêterai pas là…
23:41
Je tiens le pistolet à essence, les clefs de mon camion sont à l’intérieur, avec Laura, ma coloc qui sortait pour une marche histoire de prendre le pouls de Frankenstorm! Finalement elle en a eu pour son argent!
En route vers Brooklyn Bridge pour atteindre Manhattan! Laura me guide tandis que j’ai les yeux qui cherchent le parfait cadrage. Quelques arrêts nous amènent d’abord à l’arche «Soldiers’ and Sailors».
Prochain arrêt, obligé, coin Flatbush et Myrtle Avenue. Le New York Police Department (NYPD) bloque l’entrée du pont… Je sors de mon camion pour capter l’intensité de Sandy qui ravage diverses installations urbaines. Le vent souffle à une vitesse incroyable!
Accroupi au milieu de l’avenue Flatbush, je photographie tranquillement le NYPD quand j’entends un énorme fracas de vitre éclater 10 mètres derrière moi! D’un bond je me retourne et cours vers le gratte-ciel qui venait de perdre une immense vitre! J’attends quelques instants, puis, je me précipite en pleine rue pour capturer cet événement qui aurait bien pu me trancher en morceaux!
À peine 3 clics de fait qu’une autre vitre tombe à côté de moi, mais cette fois-ci tout près d’où j’étais pour me mettre à l’abri. Au son crépitant de la vitre qui se fracasse au sol, une autre partie de moi me dit;
«Bon… Ça devient un peu too much là…».
Totalement en accord avec ma partie raisonnable, je me limite à une photo de plus en me mettant plus à l’abri, puis je retourne à toute vitesse au camion.
Direction «Red Hook Container Terminal» Toujours à Brooklyn. Quelques images au passage dont un panneau de circulation complètement cloué au sol par le vent.
Le NYPD et les pompiers bloquent l’accès, nous quittons donc mon camion pour continuer à pied. La pluie torrentielle fait rage, nous nous mettons à l’abri dans le cadrage de porte d’un appartement.
Toujours sur notre chemin vers «Red Hook», nous apercevons les premières personnes depuis le début du reportage, ils sont regroupés dans un bar qui nous laisse croire, par sa décoration, qu’un port n’est pas très loin! Nous continuons donc notre chemin sous la pluie, sans trop savoir ce qui nous attend…
Après 10 minutes de marche, nous nous introduisons dans un parc fermé à l’aide de vulgaires barrières pour la foule. Nous marchons dans un chemin de gravier, entouré de chaque côté par de longues fougères mesurant plus de cinq mètres. Il fait noir, le bruit du vent soufflant à plus de 100 km/h dans les fougères nous agrèsse. Suivant tranquillement le chemin en essayant d’éviter les flaques d’eau, nous marchons à tâtons dans la pénombre. Soudain le chemin tourne sur la droite et la ville de Manhattan se dévoile devant nous dans toute sa splendeur! Des centaines de gratte-ciels plongés dans le noir nous offrent alors un spectacle à la fois incroyable et apaisant. Cette grande obscurité, si inhabituelle et relaxante crée un paradoxe avec le bruit assourdissant du vent qui tourbillonne autour de nous. C’est devant des milliers de résidents de Manhattan plongés dans le noir que je capte Laura au flash! En voyant la photo apparaître sur l’écran, je m’exclame;
«Wow, c’est Magique!».
Nous trouvons refuge sur un quai en bordure de l’eau. Caché derrière un mur de béton, nous laissons au moins 25 minutes s’écouler. Laura se laisse enchanter par cette projection obscure de gratte-ciels, pendant que moi, tant bien que mal, j’essaye de contrôler mes grelottements durant la longue exposition de prise de vue. Ayant oublié mon trépied dans le camion, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises, mais le résultat me satisfait grandement!
À notre retour, complètement trempés, nous sommes passé devant les maîtres du feu; le service d’incendie de New York. J’ai été bien heureux qu’ils m’autorisent à prendre quelques images.
Pour terminer la soirée en beauté, j’ai rendu une petite visite aux rats de New York! Je me suis infiltré dans une station de métro, avec pour but de trouver une certaine quantité d’eau avec des rats! Mais bon, sans obtenir satisfaction… C’est bien la seule fois où j’aurai vu une station de métro vide à New York!
Et pour terminer, un arbre sur une voiture! Le pauvre propriétaire; il a bien fait de rabattre son rétroviseur !!
Mardi 03:00 am
De retour à la maison!
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Voilà donc mon aventure avec madame Sandy Frankenstorm, elle a bien failli m’avoir!!
Joyeux Halloween, et soyez prudent, car Sandy est toujours dans les nuages 😉
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À très bientôt!
Sam